dimanche 20 décembre 2020

Jacky Musialik

Jacky Musialik

Jacky Musialik est né dans une famille polonaise au pied du terril n° 5 de Trazegnies. C'était le 12 novembre 1947. Son papa était  gueule noire. 



Époque "Barnum" (Archives J. Musialik)

Dès l'âge de 6 ans et demi, Jacky apprend à jouer d’un instrument très en vogue à l’époque, l’accordéon. Il suit les cours de solfège de l'Académie de Trazegnies et pour l'instrument, il se rend en tram à Chapelle-lez-Herlaimont. Son prof d'instrument Arthur Devillé devenant trop âgé, il change de professeur et  ses cours d'instrument lui sont prodigués par Raymond Hartéon (de Souvret) et se donnent à son domicile. Jacky fait également partie du Club d’Accordéonistes Fontainois.

De 7 à 12 ans, il se produit sur différentes scènes de la région en jouant de l'accordéon accompagné d'un batteur plus âgé. 



Jacky 12-13 ans sur scène (Archives J. Musialik)
 
Il se souvient encore d'une petite ducasse qui avait lieu à Courcelles-Sartis et où, il joua sur une scène dressée devant le Garage Vincent. Ce sont surtout ses mollets qui s'en souviennent car, il dut rentrer chez-lui avec son instrument à pied car vu l'heure tardive, il n'y avait plus de tram et cerise sur le gâteau l'âme charitable qui devait le ramener à son domicile lui fit faux bond.

Mais, la musique est en mutation. Le rock 'n' roll venu des States est la musique en vogue chez les  jeunes.

C'est pourquoi à l'âge de 15 ans, Jacky fit partie d'un ensemble orchestral "The Spitfires" uniquement composé d’accordéonistes du Club d’Accordéonistes Fontainois sous l’égide de Raymond Hartéon. 


Une partie du groupe d’accordéonistes se transforme en groupe de rock et de bals. Jacky devient batteur-chanteur. Trois autres accordéonistes deviennent guitaristes, le professeur d'accordéon devient bassiste,... à la contrebasse. Jules Dominianczyks de Souvret joue de la guitare solo.

In fine, le groupe est composé de quatre guitaristes et d'un batteur-chanteur : Jacky. C'est le professeur de musique Raymond Hartéon qui s'occupe des arrangements musicaux. 


Les "Spitfires" : à l'avant-plan Raymond Hartéon  (Archives J. Musialik)

L’orchestre joue souvent au Château de Trazegnies. C'est d'ailleurs-là que le groupe répète gratuitement grâce à la bienveillance de Lucien Toffi et de son  épouse Liliane, tenanciers du café du Château. Jacky se souvient qu'à l'époque, Lucien donnait à chaque musicien 400 francs pour leurs prestations. Pour eux, un vrai pactole... 

Bien vite, le besoin se fait sentir que le chanteur doit être à l’avant de la scène. C’est Jacky qui occupe la place et est, dans un premier temps, remplacé à la batterie par un des guitaristes du groupe. Par la suite, le groupe fera appel à un batteur nommé Isidore (dit Vincent) venu de Chapelle-lez-Herlaimont. 
Mais, le groupe ne fait pas long feu.


Et, Jacky intègre un autre groupe,  les "Blackson's" (1965-67). Le groupe est composé de : Isidore (dit Vincent)  de Chapelle à la batterie ; Michel Zanca de Chapelle à la basse ; Jacky himself, chanteur ; Jules Dominianczyk  à la guitare solo et fait office de chef d’orchestre ; Pierrot Dequesnes de Goutroux à la guitare  rythmique et au sax. Quant au gars au synthé, Jacky ne souvient plus. Eh Man, si tu te reconnais, fais le nous savoir...



Les "Blackson's" à leurs débuts (Archives J. Musialik)


(Archives J. Musialik)


Les Blackson's à Mariemont (Archives J. Musialik)


Les Blackson's sur scène (Archives J. Musialik)

En 1967, Jacky participe pendant quatre semaines au "Jeu de la Chance" organisé par l'O.R.T.F.à Paris. C'est cette émission qui fera connaître Thierry Le Luron et Mireille Matthieu. C'est avec la chanson "Lady Mary" qu'il se qualifiera pour le premier tour. Une grève de l'O.R.T.F. mettra fin à l'aventure. 


(Archives J. Musialik)


Jacki à Paris (Archives J. Musialik)

Les  Blackson’s viennent de se séparer et les "Jewels" cherche un chanteur. A l'origine, le groupe est composé de l’organiste Jean-Pol Rassart, ancien musicien d’André Brasseur ; le trompettiste  Michel Debaise ; le saxophoniste  André Gabreau ; le guitariste Marc Hendrix ; le batteur Jean-Pierre Onraedt et un certain Jean-Jacques Blairon plus connu sous le pseudonyme de "J.J. Lionel". Les batteur et bassiste des "Jewels" deviendront plus tard musiciens du Wallace Collection.


(Archives J. Musialik)

C'est alors que  JJ Lionel vient chercher Jacky pour passer un casting afin intégrer les "Jewels », orchestre qui répète à Binche. Il interprète une ou deux chansons pour faire montre de son talent et est engagé de suite. 

En effet, les "Jewels" devant se produire aux Pays-Bas dans le mois qui suit, les choses doivent aller vite. Le temps de monter un répertoire et le groupe est prêt pour se produire au "Moulin rouge", un cabaret très sélect d'Amsterdam. Le groupe joue en intermède entre les numéros de streap-tease et les diverses attractions. 


L'avant-dernière soirée de leur contrat, le patron de la boîte avoue à Jacky que jamais, il n'avait connu une telle ambiance que lors des prestations des Jewels. En effet, chaque soir, les spectateurs présents montaient sur les tables quand le groupe commençait à jouer quelques airs de gilles pour mettre un peu plus d'ambiance.
 

Après la dissolution des "Jewels", Jacky continue à chanter avec une nouvelle formation : "Barnum". Jacky se souvient que le groupe était composé de trois cuivres, trois guitares, d'une batterie , d'un synthétiseur et  évidemment, d'un chanteur...



Barnum (Archives J. Musialik)

A l’origine, font partie du groupe : les organiste, trompettiste, saxophoniste, batteur, et bassiste de Salvatore Adamo. Entres autres : au trombone Robert Deltenre qui lui continua avec les New Ramblers et Oberbayern et à la guitare solo un dénommé Genesse. Barnum fait régulièrement la première partie du tour de chant de  Claude  Barzotti,  des Nanas, … .


Barnum sur la scène de l'Hôtel de Ville de Trazegnies (Archives J. Musialik)

Le groupe "Barnum" fut un groupe à géométrie variable composé de musiciens amateurs éclairés, de musiciens semi-professionnels et ou professionnels. A part quelques musiciens "attitrés", il eut aussi de nombreux musiciens de passage : musiciens d'Adamo, de Wallace Collection, de Claude Barzotti. 

Barnum sur la scène de l'Hôtel de Ville de Trazegnies (Archives J. Musialik)

Le groupe verra passer : Robert Deltenre, trombone ; Alain Cancier, batterie ; Jean-Francis dit "Minus", batteur (entre autres d'Adamo) ; Franck Fievet, piano ; Alain Locoge, guitare basse ; ... Et, tenez-vous bien : 2 cuivres de la célèbre Musique des Guides qui, ces années-là, était dirigée par un enfant de Courcelles : le futur major Yvon Ducène. Ces deux cuivres faisaient déjà partie des Blackson’s. Il s'agit de Gérard Sabbe, trompettiste et Bernard Jankowiak, saxophoniste.



Barnum (Archives J. Musialik)

Jacky et son groupe se produisent 2 à 3 fois par semaine au S.H.A.P.E. à Mons. Et, il n'est pas question que Jacky chante en "anglais yaourt". Cela n'aurait pu passer vu le public majoritairement d'origine anglo-saxonne. Le répertoire du groupe est essentiellement composé de titres de crooners anglo-saxons bien connus Tom Jones, Engelbert Humperdink, Franck Sinatra, Nat King Cole et bien d’autres…



Le crooner en action - Archives J. Musialik

En 1975, Jacky est sélectionné par un jury de la RTB pour l'émission TV "Si l'on chantait". Jean-Loup Viseur le convoque à Bruxelles le lundi 10 février et le mardi 11 février. In fine, Jacky a le privilège de chanter à la télévision avec le chanteur français Mouloudji.


En 1976, il enregistre un 45 tours comportant deux titres signés Jean-Pierre Onraedt et 

Guy Maroille (2). Le disque est chanté en anglais par Jacki qui a, pour l'occasion, pris le pseudonyme de Lee Norman. Il est accompagné par l'orchestre "Sharck".



(Archives J. Musialik)

C'est également en 1976 qu'il enregistre le disque "La Lettre" écrite en collaboration avec Claude Barzotti. Jacques Mercier écrira un article assez élogieux à ce sujat dans la revue "Télémoustique"


Myriam, Jacki Musialik et Claude Barzotti  (Archives J. Musialik)


Télémoustique - Article de Jacques Mercier  (Archives J. Musialik)

En 1979, Jacky épouse Myriam Deroux de Mons qui lui donne un fils en 1981. Peu après, il décide d'arrêter de chanter sur scène. Néanmoins, il enregistrera encore deux quarante-cinq tours dont un en 1982 avec en face A : "Je voudrais changer le monde". "Rentré dans le rang, il continue sa carrière professionnelle chez Fiat à Waterloo avec le grade de contremaître. 


Les "Blackson's" à Nivelles accompagné d'une danseuse (Archives Jacky Musialik)

D'après les documents que nous avons pu parcourir, il semblerait pourtant que pour son  tout dernier tour de chant, Jacky a bouclé la boucle un peu plus tard en revenant dans sa commune natale. Et, cela eut lieu sur la scène de la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville de Trazegnies le samedi 26 novembre 1983 à 21 heures tapantes à l'occasion du "Gala du Lycée" de Trazegnies. Tenue de ville obligatoire - Parking assuré - Tenue de soirée souhaitée.


Nous avons également trouvé la trace d'un autre enregistrement "Seul", le dernier, paru en 1983 sous le label Lark Records.


Gala du Lycée de Trazegnies (Archives J. Musialik)

Cependant, le virus de la chanson n'est pas complètement éradiqué chez  Jacky. En 1996, il décide de participer à l'émission  "Pour la Gloire". Il est sélectionné et le 28 juillet 1997, il est opposé au jeune Cédric Denis âgé de 18 ans sur le plateau de la RTBF. Pour l'occasion, Jacky interprète la chanson "La Dernière séance" d'Eddy Mitchell, un de ses chanteurs favoris. Cédric Denis chante "Mexico" de Luis Mariano.


"Pour la Gloire"(Archives Jacky Musialik)

(Archives Jacky Musialik)

Maintenant, Jacky chante encore à l'occasion de fêtes polonaises avec un ancien des Blackson’s : Jules Dominianczyk.

http://p6.storage.canalblog.com/64/66/883392/113279283_o.jpg
Jules Dominianczyk et Jacky au Banquet annuel 2016 de SPK Mons-Borinage
(Photo Henryk Tomczak)


















 

Et, la voix est toujours là !

Notes :

(1)  Le "Jeu de la chance" était  présenté par Raymond Marcillac et Roger Lanzac.

(2) Jean-Pierre Onraedt et Guy Maroille ont fait partie du groupe "Morning Dew". Guy Maroille s'est tué en voiture en revenant d'un concert.  Font également partie de la formation Dino Leonardi et Jean-Jacques Blairon. Jean-Pierre Onraedt a fait partie du groupe "Wallace Collection". Actuellement, il est toujours actif et possède un studio d'enregistrement.

Sources biographiques

 Jacki et Myriam Musialik,

 Jules Dominianczyk,

Jean-Pierre Onraedt,

Articles de presse 

"La Nouvelle Gazette",

"Télémoustique",

"Télépro"   

 

 Discographie 

(Collection Luc Heuchon)






(Collection Luc Heuchon)



(Collection Luc Heuchon)

 

Alain Richir et Luc Heuchon

(Tous droits réservés - Reproduction partielle autorisée sous la condition de citer la source.)


Et Flore est devenue la chanteuse... Retty Murray.

 
Retty Murray, ... quelques mots  dans "La Petite Lanterne" : "Flore de Souvret. A chanté au jubilé de Souvret, à l’INR. Épouse de Jules Nicaise, tailleur d’habits né à Souvret, le 09/03/1923".

Pendant quelques années, ces quelques mots nous indiquaient qu’une Flore de Souvret sous le pseudo de Retty Murray était chanteuse. Et un jour, illumination : Jules Nicaise habitait Souvret et était tailleur d’habits. Eurêka, je possède une ancienne liste électorale souvrétoise. Il me suffirait de la consulter ! Et miracle : en réalité Retty Murray se prénommait Flore et portait le nom de Meurée.

Vite, une amie peut peut-être me renseigner : Annie, la fille du boucher. Coup de téléphone : mais oui, je connais et tu connais sa sœur Jacqueline. Enfin, une éclaircie…

Contact avec Madame Jacqueline Meurée, étonnement de sa part, un petit frémissement dans la voix et oui, elle est d’accord de rassembler ses souvenirs pour évoquer sa sœur.

Flore Meurée à 20 ans - Doc. Jacqueline Meurée

Évocation qu’elle a fait par écrit et qui nous a touché, tellement c’est joliment écrit. C’est pourquoi, au lieu de trahir cet émouvant témoignage, nous allons vous le livrer tel que Jacqueline Meurée l’a rédigé : avec son cœur.

«  Née dans une famille de musiciens amateurs (son grand-père jouait du bombardon et apprenait la musique à des jeunes gens dont le père de Jules Nicaise), Flore est attirée par le piano qu’elle apprendra dès l’âge de 6 ans avec Flore Erard (une cousine, prof de chant et de piano, diplômée du Conservatoire de Mons) qui donnait ses cours au n° 1 de la rue de la Science à Souvret.


Dès l’âge de 14 ans, Flore entre au Conservatoire de Charleroi et obtient à l’âge de 17 ans, un premier prix de chant et un deuxième prix de piano.

A présent que la guerre est finie, on chante et on danse partout et un premier orchestre se constitue avec des musiciens de Sart-lez-Moulin, Forrière, Souvret. Ils se nomment Albert Deltenre saxo, Vanhopstal saxo, Raoul Nicaise père de Jules trompette, Alfred Gilot à la batterie et Flore au chant et au piano. La mode était bien sûr aux airs anglais et américains. Ce qui fait que Flore s’est mise à chanter « Stormy watcher » en phonétique sous le nom de Retty Murray.

A la Sainte Cécile 1947, c’est le coup de foudre entre Jules et Flore et le premier orchestre se dissout avec la mort et la maladie des musiciens. En 1948, André Meute, ancien élève du Conservatoire, contacte Flore pour créer un nouvel orchestre sous le nom de « Rythmes » orchestre qui sera demandé pour tous les beaux bals : Bal de la Presse, les Climbias, les commerçants, dans tout le Bassin de Charleroi jusque dans les années 56-57 ? A la mort du chef, Flore ne cherchera plus un nouvel orchestre et s’occupera du commerce de Jules…"


P.S. Elle a fait partie des chœurs du P.B.A. [de Charleroi] un certain temps avec Odette Empain de . Courcelles.


1. Flore est née à Courcelles, le 25 juin 1928. Après son mariage, elle a vécu au n° 10 de la rue Mattez 0 sOUVRET;.


Alain Richir et Luc Heuchon

Note des auteurs : A notre connaissance,  Flore Meurée n’a jamais enregistré de disques.

lundi 3 février 2020

Willy Wauthier, un trazegnien mercenaire musical...

En guise d'introduction...

Willy Wauther, mercenaire musical... 


Voici une dizaine d'année qu'eut lieu à la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville de Trazegnies une exposition organisée par la Bibliothèque de Courcelles et intitulée "Courcelles Jazz".
Dimanche 01/09/1957 - Archives Willy Wauthier
Lors de la préparation de l'expo, je rencontre par hasard Jeannine et Willy Wauthier. En cours de conversation, j'apprends inopinément que Willy a été musicien de jazz dans les années 50-60.

Me voilà interloqué... Cela faisait une vingtaine d'année que je connais Willy et c'est la première fois que j'entends parler de son passé musical. J'avais bien lu un ou deux articles de journaux mentionnant le fait qu'il participait à des concours de musique classique d'accordéon en qualité de membre du jury sans me douter que lui-même jouait de cet instrument.

Tout de suite intéressé par la chose, je lui demande s'il peut prêter des documents pour l'expo à la bibliothèque. Réponse : "je ne sais pas si j'en ai gardé et dans l'affirmative, où, ils se trouvent" [sic]. Une voix dit alors : "moi, je sais".

C'est son épouse qui vient de parler et une chose étonnante me frappe : Jeannine regarde Willy de la même manière dont  elle devait le regarder quand elle fut séduite par notre fringant accordéoniste quelques années plus tôt.

C'est ainsi qu'une partie de l'expo "Courcelles Jazz" put être consacrée à Willy Wauthier.

Encore mille fois merci Jeannine.

Notice biographique

Willy Wauthier a toujours vécu à Trazegnies. Mais, il est est né par accident à Pont-à-Celles le mercredi 2 octobre 1935, jour de l'invasion de l’Éthiopie par les troupes de Mussolini.
Willy & Co à la Maison du Peuple de Trazegnies ? - Archives Willy Wauthier
Willy est le fils d'Edmond Wauthier et d'Henriette Régis[sic]. Après avoir fréquenté l'école communale des garçons et l’École moyenne de Trazegnies, il étudie l'ergonomie.
Il débute sa carrière professionnelle à l’Atelier central des Charbonnages de Monceau-Fontaines. Ensuite, il est engagé par la Société D'Ieteren à Bruxelles qui, a l'époque, fabrique des voitures Volkswagen, Porsche et Studebaker.

D'Ieteren doit s'agrandir et doit faire un choix quant à la production de voitures. C'est Willy qui conseillera à la firme de se séparer de Porsche.

En 1954-1955, Willy effectue son service militaire dans les transmissions à la 7e Cie TTr basée à Liège. Chef de section, il a sous ses ordres des vétérans de la Guerre de Corée. Son peloton s'occupe des transmissions entre l'O.T.A.N., le Congo, les Ministères de l'Intérieur et de la Défense.


Deux ans plus tard, le 26 septembre 1957, il convole en justes noces avec Jeannine Petit. Trois filles et un garçon viendrons illuminer et illuminent toujours leur union.

C'est vers cette époque que Willy est engagé par la firme aéronautique Boeing Company pour travailler aux U.S.A. Pour ce faire, Willy et Jeannine doivent se rendre une quinzaine de jours à Seattle afin de trouver un logement

Mais, un peu avant leur départ, Willy est convoqué à l'Ambassade des États-Unis à Bruxelles. Là, il lui est signifié que son contrat ne prendra pas effet car, le gouvernement américain n'a pas voté les subsides pour la construction d'un nouvel appareil.

Mais, qu'à cela ne tienne ! Dans le même temps, il décroche contrat pour participer à l'expédition du capitaine d'aviation Frank Bastin en Antarctique en 1958-59. Soit une période de 18 mois. Jeannine est enceinte de son premier enfant et ne souhaite pas être séparée de son mari pendant une si longue période. Après d'âpres discussions avec sa future épouse, Willy ne partira pas.

Mais, il retombe vite sur ses pieds en matière d'emploi. Il entre chez Caterpilar à Gosselies toujours pour s'occuper de gestion du travail et il y fait carrière
délaissant peu à peu la musique.
 

Mais, venons-en au sujet qui nous occupe ici : le musicien Willy Wauthier.

La musique que Willy aime, c'est le jazz et son instrument favori, l'accordéon. Instrument dont il apprendra à jouer avec l'accordéoniste Alfred Henry qui lui donne des cours privés.
Alfred Henry - Archives Willy Wauthier
Déjà vers l'âge de 12-13 ans, Willy joue dans les cafés. Selon les lieux, il se déplace à pied ou en vélo, accordéon au dos. Il participe aussi à de nombreux concours.

Cependant, Willy suit également une formation musicale classique. Dans un premier temps, il apprend le solfège à l'Académie de Musique de Courcelles. Au moment de choisir un instrument, il doit se rabattre sur la clarinette. En effet, l'accordéon n'est pas enseigné dans les écoles de musique car, jugé trop vulgaire.
 
Il se rappelle avoir marqué Raymond Degueldre, le directeur de l'Académie de Courcelles par l'excellence de ses résultats : 99% dans toutes les matières. Du jamais vu...
 
En parallèle, Willy apprend les percussions et le vibraphone au Conservatoire de Charleroi. Ensuite, il entre au Conservatoire de Mons pour apprendre l'harmonie et la composition.
 
Dans un soucis de perfectionnement, il prendra des cours d'harmonie chez Georges Legrand de Gosselies. 

Un de ses condisciples n'est autre que Raymond Hartéon de Souvret.
Raymond Hartéon jeune - Archives Jean-Marie Hartéon
Parallèlement, il continue à se produire. La carrière musicale de Willy est prolixe et difficile à structurer quant aux dates. C'est pourquoi, celle-ci vous est livrée ci-après "en vrac".

Après le Consevatoire de Mons, il met sur pied une grande formation de jazz. L'expérience sera de courte durée et Willy monte une formation beaucoup plus modeste. Le saxophoniste Robert Lequeux et le batteur Georges Hennequière en font partie.
N'ayant pas de nom "officiel", le groupe est renseigné sur des enregistrements de la firme de disques RONNEX sous l’appellation de "L'ensemble Willy Wauthier".

Disque RONNEX - Archives Willy Wauthier
Willy Wauthier et son ensemble ? - Archives Willy Wauthier

Cependant, Willy et ses musiciens sont appelés à aller jouer en Allemagne et ils leur faux un nom de scène. Le quintette prend alors le nom d'"Edy Lep", nom qui leur restera par la suite. 

Quintette "Edy Lep"- Archives Willy Wauthier
C'est sous ce nom qu'ils se produisent par la suite à Charleroi "Aux Caves de Gambrinus" à l'occasion lors du cabaret artistique "Images de Wallonie" ayant lieu dans le cadre du 10ème Salon des Arts ménagers. Nous sommes le vendredi 15 novembre 1963.

Quintette "Edy lep" - Archives Willy Wauthier
Également prévu au programme ce jour-là, le courcellois René Godeau ainsi que Claude et Daniel présentés comme des virtuoses du xylophone.

Willy est également comme beaucoup de musiciens un mercenaire et court le cachet. Dans les années 50-60, il est possible pour un musicien de jouer tous les jours de la semaine.

C'est ainsi qu'il est amené à jouer avec Dany-André et ses boys lors de bals et qu'il joue du vibraphone sur un des enregistrements de la chanteuse de l'orchestre, Irène Courcel.

Irène Courcel et Dany-André - Archives Irène Courcel
 
Enregistrement où Willy joue du vibraphone - Document Luc Heuchon
Un jour, alors qu'il se trouve dans les locaux des disques RONNEX, il croise Salvatore Adamo venu pour l'enregistrement d'un disque. En sortant, celui-ci dit dans le creux de l'oreille de Willy de ne pas signer de contrat avec la firme car, les conditions sont malhonnêtes.

Pour Willy, c'est trop tard. Il est déjà "mains et pieds liés". En effet, il avait déjà signé un contrat comme musicien de studio.

Souvent, Willy remplace l'accordéoniste-pianiste souvrétois Ernest Cordier, membre de l'orchestre du Casino de Knokke. Il lui arrive également de jouer ailleurs en Flandre et pour ce faire, lui et les autres musiciens se déplacent en train avec leurs instruments.

Un jour, Willy et des musiciens gouytois doivent se produire à Anvers. Leur contre-bassiste est indisponible et est remplacé par un musicien résidant à Charleroi. Cette fois, ils bénéficient d'une voiture 4 CV Renault. Les quatre musiciens s'y entassent vaille que vaille avec leurs instruments et installent la grosse caisse sur le toit.

Au retour, ils reconduisent le bassiste à Charleroi et constatent qu'ils ont perdu la grosse caisse. Ils rebroussent chemin à faible allure en scrutant la route à la recherche de l'instrument. Ils la retrouvent à Anvers.

En outre, Willy se produit lors de ducasses. C'est ainsi qu'il joue pendant les 15 jours de la foire de Courcelles au café jouxtant le Cinéma Royal, les samedi, dimanche et mercredi. Il se produit accompagné soit d'un bassiste ou d'un batteur.



Précisons que Willy ne joue que la musique qu'il aime : le JAZZ. Un jazz "Old School" : Louis Armstrong, Sidney Bechett, Ella Fitzgerald, ...

 
Il accompagne les "Anne Sisters" à leurs débuts. C'est ainsi qu'il fera la connaissance du futur époux de Connie Hill, "Big" Jim Heremant, fondateur du "Big Jim's Ragtime Band". Ce dernier l'incitera à tâter de la basse. Mais, Willy n'accrochera pas à l'instrument.

Connie Hill, Big Jim, Marie-Jo et Jacques Defossez - Archives Pascal Walraevens
Pendant tout un temps, il lui arrive aussi de jouer régulièrement, avec des groupes à géométrie variable, à des soirées dansantes organisées par la communauté juive de Charleroi. Ces soirées ont toujours lieu un jour de semaine de 20 à 24 heures "dans une ambiance du tonnerre".

A Charleroi, il a même joué dans un caboulot "Le Chat noir" et un autre troquet tenu par un courcellois dénommé Devos, horticulteur de son état.

Signalons également qu'il a également collaboré avec un groupe de musique "exotique", "Les Chakachas". Le groupe était notament composé d'une chanteuse espagnole métisse et de deux musiciens de Marchienne-au-Pont.


Et, c'est Willy et non Raymond Hartéon qui a été le dernier accordéoniste du chanteur carolo Bob Dechamps.

Signalons aussi que Willy a écrit des chansons restées inédites à ce jour et qu'il fut également arrangeur et harmoniste.

Et, il ne faut pas oublier qu'après avoir consacré une partie de sa vie à la musique, il a créé le club philatélique de Trazegnies "Traphila" en 1977 dont il fut le président jusqu'à la dissolution du club en décembre 2017 faute de repreneur.

Willy fut également très actif dans le secteur des personnes âgées en présidant le mouvement social des Ainés"ENEO" jusqu'à sa dissolution le 14 décembre 2018. En subsiste la section "Thraso" qui édite, vaille que vaille, une petite revue  consacrée à l'histoire locale de Trazegnies.

Source biographique


Interview de Willy Wauthier / Luc Heuchon en août 2019

Alain Richir et Luc Heuchon
Reproduction partielle autorisée à condition de citer la source.
Contact : alain.luc.richir.heuchon2@gmail.com