vendredi 27 décembre 2019

A l'époque des bals populaires ... Irène Courcel

Courcel, Irène

Pseudonyme d'Irène Carlier

Irène Carlier est née à Courcelles, le 15 août 1933 dans le quartier du Lido. Elle fut scolarisée à l’École catholique de Saint-Lambert.

C'est par hasard, en dépouillant un exemplaire de «La Petite Lanterne», que j'ai découvert cette chanteuse courcelloisse. Un petit article signalait qu'une dénommée Irène Courcel avait participé, au bal doublé d’un gala à Courcelles, organisé par les Prisonniers de Guerre avec un autre courcellois en vedette, Ricardo Perez en janvier 1953. C'était, pour moi, la première trace d'Irène Courcel dans l'univers de la Musique. Présentée comme fantaisiste de la chanson française, Irène débute très jeune dans le «métier».

Déjà toute petite, elle aimait chanter et les voisins appréciaient sa voix. Elle se rappelle que, pendant la guerre, il lui arrivait de chanter à la demande de ses voisins en échange d'une tomate.

C'est pourquoi dès l'âge de 12 ans, Irène participe avec René Vigneron à des radios crochet où, chacun rafle à chaque fois le premier prix dans sa catégorie. C'est ainsi qu'Irène participe à un radio-crochet dont l'animateur était Jean Roland. Plus tard, elle ira à Paris participer à "Télé dimanche", émission de l'O.R.T.F animée par Roger Lanzac.

Lors de ces radio-crochets, les chansons «Dans les plaines du Far West» et «Le petit vin blanc» sont ses chevaux de bataille.

Le frère de son père tient un dancing à Tournai. A l’occasion de la réouverture de sa boîte après travaux, il sollicite l'accord du papa d’Irène pour que celle-ci vienne chanter dans son établissement. 

Irène est enchantée et son oncle ne tarde pas à lui demander d’intégrer l’orchestre qui se produit régulièrement chez-lui. 

Début d'Irène à Tournai à l'âge de 12 ans - Archives Irène Carlier

Le batteur ayant quitté la formation, son oncle demande à Irène de prendre sa place. C’est ainsi qu’elle devient batterie-chantante sans jamais avoir manipulé une batterie. Par la suite, elle est initiée à l’accordéon par la fille de son oncle, une as dans son domaine. A cette époque, le répertoire d'Irène est composé essentiellement de chansons d’Édith Piaf.

C’est d’ailleurs à Tournai qu’Irène rencontre celui qui deviendra l’homme de sa vie, Albert Braem, militaire de carrière. Le 4 mai 1952, ils se marient à Courcelles. C’est l’échevin Richard Watillon qui les unit.

Irène et Albert - Archives Irène Carlier

C’est vers cette époque qu’elle intègre, par l’entremise de son époux, l’orchestre de Dany André, musicien militaire de son état. L’orchestre, composé d’un batteur trazegnien, d'un saxophoniste de Chapelle-lez-Herlaimont, …, répète chez les parents d’Irène à la rue Albert Lemaître. Parfois, les répétitions ont lieu à Couillet et ailleurs… 

Quelques fois, Willy Wauthier (1), habitant Trazegnies, rejoint la formation lors de l'un ou l'autre concert ou enregistrements.

Willy Wauthier septembre 1957 - Archives W. Wauthier

En 1957, un petit garçon prénommé Jean-Luc vient illuminé la vie du couple. Et, Irène continue de se produire sur scène. 

Afin d'illustrer nos propos, évoquons  maintenant quelques unes des prestations de notre chanteuse courcelloise :

A l'occasion de l’inauguration de la Salle des Fêtes paroissiales et du Patronage de N.-D. du Rosaire à Courcelles-Motte, des festivités sont organisées les 2 et 3 septembre 1961. A cette occasion, une revue locale «Cours, c’est l’Motte qui tchante» est jouée le samedi 2 septembre à 19h30. Irène fait partie de la distribution où, elle partage l'affiche avec le ténor Georges Godfroid et d’autres artistes courcellois.
 
Collection Luc Heuchon


Du 1er au 17 novembre 1963, un cabaret artistique intitulé "Images de Wallonnie" se tient "Aux caves de Gambrinus" à Charleroi. Irène Courcel s'y produit les mardi 4 et vendredi 8 avec l'orchestre de Maurice Vandair.

Le 11 février 1964, Irène Courcel se produit au Cercle horticole «Nos Loisirs» à la Maison du Peuple de Courcelles. Elle est accompagnée par l’accordéoniste Robert De Vos et le batteur Fernand Lemaître. Au programme figurait également D. Lanneau dont la mission était de donner de bons conseils concernant le petit élevage.


Archives Bibliothèque communale de Courcelles

Le samedi 5 mars 1966, la jeune Société de Gilles «Les Vrais Amis Courcellois» organise un «Grand bal musette des doubles 20» en la salle Waroquet à la rue des Combattants. L'orchestre engagé pour l'occasion est la formation «Dany André and Boys». La chanteuse de la formation n'est autre qu'Irène Courcel.

Le samedi 12 novembre 1966 a lieu à Courcelles le «Bal des Sports». «La Petite Lanterne» dans son édition du 4 novembre annonce la participation d'Irène Courcel et de deux orchestres, une jeune formation courcelloise «Les Poulbots» et l'ensemble «Dany André and Boys»

Au cours des années 60, Irène et son mari partent s’installer à Bruxelles car, les activités de Dany André ne lui permettent plus de se rendre en «province» pour répéter.

Irène et son orchestre se produiront à plusieurs reprises au bal de l’École des Cadets de Bruxelles. Ils se produiront également en France et en Allemagne. Irène chantera aussi aux bals des Climbias" à Lodelinsart, de l'Amicale "Semailles" à Courcelles, etc... 

Irène Courcel photographiée à l'occasion d'un Bal des Cadets-Archives I. Carlier
Après le décès de son époux, Irène met un terme à sa carrière de chanteuse, revient s’installer à Courcelles et devient ambulancière à la Croix-Rouge.

Au cours de sa carrière artistique, Irène Courcel a enregistré quatre 45 tours dont un chez Polydor. Les trois premiers ont été composés par son chef d’orchestre.
Collection Luc Heuchon

Collection Luc Heuchon











Le quatrième, enregistré en 1973, est de moindre facture car, réalisé par un amateur avec de faibles moyens. Irène est la première à concéder que cela n’est pas son meilleur. Mais, le compositeur voulait que ce soit elle qui chante et Irène n’a pas eu le cœur de refuser.

Collection Luc Heuchon
A l'heure d'aujourd'hui, Irène Courcel coule des jours paisibles à la rue Général De Gaule.

(1) Wauthier, Willy :  Trazegnies, le 02/10/1935.
Accordéoniste et vibraphoniste, Willy fut surtout actif en tant que musicien fin des années 50. Il fit partie de plusieurs orchestres à géométrie variable. Il fut également musicien de studio chez l'éditeur musical "Ronnex". Nous lui consacrerons bientôt un article.

Sources biographiques
 
Interview réalisée en 2018.

Conférence mensuelle,

in

"La Petite Lanterne",

Ve 07/02/1964, p. [4]

Spectator

Un grand bal doublé d’un beau gala : une réussite des P.G. à Courcelles

in

« La Petite Lanterne »,

4ème année, n° 211, 6 février 1953, p. [2].

Discographie

Retour . Je pense à toi [Enregistrement sonore] / Dany, Cordo,Léopold, Tubor  ; Irène Courcel

[S.n.] : Polydor, [s.d.]

1 disque 45t. 

Trop tard : beguine . Vacances :  slow-rock [Enregistrement sonore] / Dany André ; arrangements : Frover ; orch. Dany-André ; chanteuse : Irène Courcel

.- [S.l.] : Novelty, [s.d.]

. - 1 disque 45t

Viens près de moi . Auprès de toi : tango [Enregistrement sonore] / musique :  Ch. Garemick ; orch. Dany André ; chant : Irène Courcelles

. - [S.l.] : Carina, [s.d.]

. - 1 disque 45t.

Petite mère . Quand on aime [Enregistrement sonore] / Marcel Lecomte ; [chant] Irène Courcel

. - [S.l.] : New music records, 1973

. - 1 disque 45t. (2'40, 3'20)

Alain Richir et Luc Heuchon - Reproduction partielle autorisée sous la condition de citer la source.

vendredi 22 mars 2019

Edgard Druine, premier chanteur lyrique courcellois à faire carrière.



Avertissement 

L'article consacré à Edgard Druine n'a pas la prétention d'être exhaustif. En effet, il n'est pas évident de trouver pléthore d'articles et de témoignages à son sujet. C'est d'ailleurs pourquoi les années 30-40 sont peu couvertes. En outre, nous savons qu''il a enregistré à plusieurs reprises mais les sources discographiques restent discrètes à ce sujet. 

Le jeudi 21 mars 1878 à Courcelles, Edgard, Victor, Emile  Druine pousse ses premiers cris. Une grande basse chantante est née.

Edgard Druine (1912) - Coll. Luc Heuchon
 
Edgard Druine est le fruit de l'union d’Émile, Joseph, Ghislain Druine, né le 11 septembre 1853 et de Catherine Bernard, originaire de Courcelles et née le 25 janvier 1855. Le père d'Edgard était originaire de Braine-l'Alleud. Ce dernier fut dans un premier temps menuisier puis, fabriquant de meubles et commis des Postes. Les parents d'Edgard unissent leurs destinées le 20 novembre 1875 à Courcelles.

Pour comprendre le choix d'Edgard Druine d'étudier la musique, il faut savoir que son père Émile était le fondateur de la "Fanfare Indépendante" (1) de Courcelles. Le local servant aux répétitions était l'atelier de menuiserie paternel.

Ces divers éléments ne pouvaient que concourir à encourager le jeune Edgard à envisager une carrière musicale. Cela donne à penser qu’Edgard Druine était doué. 

Pourquoi en effet, Philippe-Joseph Meurée (2) décide-t-il de former le jeune Edgard Druine alors qu'il n'enseigne plus à l’École de Musique de Courcelles ? Par la suite, Edgard Druine continue à étudier le chant au Conservatoire de Liège.

Edgard Druine fait ses débuts de chanteur dans la chorale « La Courcelloise »  qui participe au concours international de chant organisé à Namur en 1899. 
A cette occasion, il chante en soliste.

En 1906, Edgard Druine termine ses études musicales au Conservatoire royal de Liège. Notre courcellois peut être fier de lui car, il a obtenu les 1ers prix de Chant et d'Art lyrique. Pendant ses études dans la Cité ardente,  l'élève Druine
habite à la rue du Pont des arches, n° 4.

Commence alors pour lui une carrière internationale.
Avril 1908, Edgard Druine se produit au Havre dans dans deux opéras avec en chanteurs vedettes : le ténor Girod et la cantatrice  Rigaud-Labbens.

En ouverture de saison, il chante dans "Lakmé". Son interprétation donna lieu à un commentaire élogieux dans la presse : "M. Druine, dans le rôle de Nilakanta, a de suite conquis son public par sa belle voix mâle et la simplicité de son jeu."

"Mignon" où il interprète le rôle du comte des Grieux. Edgard Druine sut donner au personnage toute l'autorité nécessaire et  "... il fut distingué à souhait."

Le 13 septembre 1908 une "Cour d'Amour", présidée par l'écrivain thudinien Maurice des Ombiaux, a lieu à Lobbes. Edgard Druine fait partie du comité organisateur de cette manifestation littéraire et artistique.

Mais pas que ...  

Le journal "Comeodia" écrira au sujet de notre courcellois : "Edgard Druine, première basse chantante au Théâtre Royal de la Haye, à la voix chaude et réconfortante, qui, dans l’Hymne à la Jeune Wallonnie a connu le succès pur des amis du beau."

Le samedi 26 juin 1909, Edgard Druine épouse Blanche Balieux à Marchienne-au-Pont. Le couple élit domicile à la rue Joseph Lefèvre à Marchienne-au-Pont. Le couple eut deux enfants : Gérald (2/10/1911 - 1940) et Josette (19/2/1919 - 1992), nés tous deux à Marchienne-au-Pont.

Le dimanche 12 septembre 1909 a lieu au Kursaal d'Ostende une "Grande Cour d'Amour" organisée par un groupe d'artistes et d'écrivains. 

Au programme, il est prévu un concert symphonique présentant des œuvres de compositeurs belges. L'orchestre est placé sous la direction du chef d'orchestre Métro Lanciani. Le concours des  ténors Edgard Druine, première basse chantante de l'Opéra Français de La Haye et de Raymond Hiernaux, baryton du Théâtre Royal de la Monnaie et du Grand-Théâtre de Nancy.

Il est également prévu un tournoi poétique réservé à tous les écrivains d'expression française et des conférences. La manifestation artistique se clôture en fin d'après-midi par un concert de l'organiste Léandre Vilain (4), originaire de Trazegnies.

Le 2 octobre 1909, l’opéra "Faust" de Gounod est joué au Théâtre royal de La Haye. Ce sont les grands débuts du ténor Louis Dister et Edgard Druine fait partie de la distribution. Il tient le rôle de Méphistophélès.

Concernant la période néerlandaise de notre concitoyen et ses prestations scéniques à l'Opéra royal français, nous en trouvons traces dans le quotidien français "Comoedia."  

En effet, ce journal publie une revue de presse des événements artistiques étrangers. C'est ainsi qu'en date du 10 mars 1910, nous pouvons lire : "M. Druine, l'excellente basse chantante... est particulièrement apprécié à la Haye où la presse locale ..." 

"Les Huguenots" : "M. Druine est un excellent Saint-Bris plein d'autorité, à la voix superbe. Il fait belle figure à la tête de ses partisans particulièrement à la bénédiction des poignards, menée avec énergie."

"La vie de bohème" : "M. Druine, Schaunard plein d'entrain, a chanté et joué avec son entrain habituel."

"Rigoletto" : "M. Druine, en Sparafucile, il n'est nécessaire de le dire, fut excellent comme d'habitude et fut associé aux rappels."

"Thaïs" : "Bien que nous formions des réserves sur l’œuvre elle-même, nous enregistrons avec plaisir le succès considérable qu'ont remporté Mme Simone d'Armand (Thaïs) et M. Druine (Athanaël). Ils furent rappelés plusieurs fois après chaque tableau et frénétiquement applaudis."

"Faust" : "M. Druine reste un fidèle soutien de cet opéra ; chacun sait quel relief il donne aux différentes scènes, on connait aussi sa belle voix qui, hier encore, résonna merveilleusement."

"Grisélidis" : "M. Druine a fait une saisissante création du rôle du Diable et on peut dire sans crainte que le succès de la soirée lui revient pour une bonne part. Toujours sautillant, agile et plein de verve, il est amusant à voir et à entendre. Notre basse chantante a su mettre en relief tous les détails dont fourmille ce rôle et à chaque transformation, il nous présente un type et un caractère différents. Je vous conseille d'aller le voir."

"Louise" : 

"M. Druine fut impressionnant dans le rôle du père ; il ne nous paraît pas possible de donner plus de vérité et de conviction dans la composition d'un rôle, et puis quelle belle voix conduite avec un art extrême. La scène finale fait passer un frisson intense dans l'assistance nombreuse, qui debout, acclame l'artiste au baisser de rideau."

"Au dessus de tous, il convient de citer M. Druine, admirable dans le rôle du Père dont il a fait une création magistrale. Aucun de ses prédécesseurs n'était parvenu à ce degré de perfection."

"Mignon" : "On a revu avec plaisir M. Druine dans le rôle de Lothario où sa voix si sympathique se fait admirer."

Dans son édition du 15 novembre 1911, la "Revue française de Musique" fait écho de la prestation d'Edgard Druine lors de la représentation de l'opéra "Les Huguenots" au Grand Théâtre de Lyon. 

Le moins que l'on puisse dire, cela n'est pas très élogieux pour notre courcellois : "... de M. Druine, basse- chantante, dont la voix cotonneuse ne prêta à celui de Saint-Bris, dans les Huguenots, qu'un fort insuffisant relief,..."

Le samedi 25 novembre 1911 a lieu au Théâtre d'Anvers le Gala de la "Wallonie". A cette occasion, le choix de l'opéra se porta sur "La Dame blanche" de .  Pour les deux rôles principaux, il fut fait appel à deux vedettes extérieures : le ténor Francell et la cantatrice Heilebonner. Quant à Edgard Druine, il chanta fort bien et fut un Galveston de belle allure.

Le 30 novembre 1911, nous pouvons lire dans le journal "Le Monde Artiste" : "Première de Don Quichotte, livret tiré de Lelorrain par M. Henry Gain, musique de M. Massenet. M. Pontet s'est fait un honneur de monter dignement Don Quichotte. Les chœurs ont chanté juste ! ! L'orchestre a été et s'est bien conduit, M. Druine (Don Quichotte) a joué avec intelligence ce rôle écrasant. Il fut applaudi ainsi que ses partenaires, MM. Vilette, Maréchal, Dubressy; Mme Bourgeois, fraîche dulcinée, et Mlle Lys.

En 1912, il est première basse à l'Opéra comique d'Anvers où il interprète de nouveau le rôle du père dans l'opéra "Louise".

Edgard Druine dans l'opéra Louise - Coll. Luc Heuchon
 
Cette même année, il est engagé par le Théâtre de La Monnaie avec Noté et d'autres pour chanter à la Fête de Meyerbeer, organisée à Spa. En effet, il a été prévu le dimanche 18 août une journée exceptionnelle pour l'inauguration du buste de l'auteur de l'opéra "Les Huguenots". Edgard Druine se fit encore remarquer pour son excellente interprétation de Saint-Bris.

En avril 1913, il interprète le rôle de  dans "Don Quichotte" au Théâtre de Caen. Le journal " L’Ouest-Éclair" écrira à son sujet : "M. Druine est une excellente basse que nous prête le Théâtre de Liège". Il fut un comte très furieux parfait d'autorité et d'émotion."

Au mois de juillet 1913, la ville de Marchienne-au-Pont inaugure son théâtre de plein air. Pendant deux jours, des artistes s'y sont produits à la grande joie d'un public nombreux et ravi. Le journal "Comoedia" relate l'événement dans son numéro daté du 25 juillet. Nous pouvons lire en substance outre le nom des chanteurs présents : "... et notre toujours sympathique enfant du pays, M. Edgard Druine, dont la voix chaude, prenante, et si bien conduite, fait les délices d'un public qui l'aime parce que c'est lui.

En 1914, Edgard Druine part quelques mois en Egypte ayant été engagé par l'Opéra Khévidial du Caire.

En février, il est Césaire dans l'opéra "Sapho" avec Marie Lafargues dans le rôle-titre. Ensuite, il enchaîne avec "Aïda".

Nous pouvons lire à ce sujet dans le journal "Comoedia" : "Trois personnalités se détachent nettement : celles de Melle Darney (Aïda), MM. Janaur (Amonasro), et Druine (le roi), et qui ont acquis les plus légitimes succès."

Dans le "Méphisto" du 3 avril 1914, nous pouvons lire : "...
M. DRUINE, notre ancien pensionnaire, a obtenu à l'Opéra Khédivial du Caire, un grand succès, dans « Le Chemineau ».

Puis, vinrent les heures sombres de la Première guerre mondiale. Comme beaucoup d'artistes belges, Edgard Druine se retrouve au chômage forcé et coincé en Belgique. Mais, il ne reste pas inactif. Il se produit à différentes occasions dans la région de Charleroi et souvent dans un but caritatif.

En 1916, il assure la direction artistique des œuvres jouées à la Salle Concordia du Cercle catholique à la rue de Montignies à Charleroi. C'est ainsi que furent montées, entre autres : Les Saltimbanques, La Mascotte,...

Le dimanche 26 mars 1916, il participe avec Melle Henriette Goosens «des Concerts classiques de Paris et de Monte-Carlo» à un concert donné au profit des soldats marchiennois prisonniers en Allemagne. Ce concert eut lieu « en matinée » à la Salle « Révelard » à Marchienne-au-Pont. Il prêtera également son concours au concert de l’Académie de Musique de Courcelles le dimanche 13 août de la même année.

Le samedi 30 juin 1917, le ténor Edgard Druine revient donner un récital dans sa commune natale. A cette époque, Edgar Druine est au sommet de son art.

A l'issue d’un concert où il a chanté des airs du compositeur Marc Delmas, c'est sous une véritable ovation qu'il termine son récital.

Le 21 juin 1919, il débute à l’Opéra de Paris dans le "Faust" de Richard Wagner et la même année, Edgard Druine chante, dans "Salammbo" (Narr-Havas), Patrie ! (Rancon), Samson et Dalila (Abimélech).

Edgard Druine en 1922 - Coll. Luc Heuchon
 
Le dimanche 25 mars 1923, le compositeur hennuyer Gustave Wansaert () présente ses œuvres ainsi que les œuvres d'autres compositeurs à l'Hôtel de Ville de Trazegnies sous les auspices de "L'Union philharmonique" de Trazegnies. Pour l'occasion, Gustave Wansaert s'est assuré, entre autres, le concours de notre ténor Edgard Druine. Celui-ci interprète l'"Introduction" et le "Rondo caprisioso" de Saint Sens et la "Polonaise brillante" de Wifniansky.

Programme musical du 25 mars 1923 - Trazegnies - Coll. Luc Heuchon

En 1928, il entre à l’Académie de Musique de Courcelles en qualité de professeur de chant et de diction. Mais précédemment il avait créé une école particulière de chant que fréquenta en cachette de ses parents le ténor courcellois Marcel Claudel (4). C'est Edgard Druine qui inscrivit Marcel Claudel au Conservatoire royal de bruxelles.

Edgard Druine se consacrera aux deux écoles jusqu’en 1935. Il enseignera également au Conservatoire de Charleroi.

Marcel Claudel (Photo Malevez) - Coll. Luc Heuchon
 
Au Conservatoire de Charleroi, Edgard Druine verra passer par son cours  la chanteuse d'opérette Mya Taylès et le baryton Pierre Henry, originaire de Lodelinsart.

Justement, en janvier 1931, Edgard Druine participe à "La Monnaie" à cinq représentations de "La Walkirye" dans une mise en scène de Georges Dalman et sous la direction musicale de Léon Molle. Il y tient le rôle de "Hunding".

Les mardis 18 et 25 août 1936, Edgard Druine se produit avec d'autres artistes, à Knokke, dans une sélection des airs tirés de "La Vie de Bohême".
 
Pendant la seconde guerre mondiale, Edgard Druine réside au n° 7 de la rue du Zodiaque à Forest. Du 1er juillet 1941 au 3 septembre 1944, il exerce une activité de résistance à l'ennemi en "constituant à son domicile, des dépôts de plusieurs centaines de journaux clandestins et par le transport et la diffusion systématique de journaux clandestins et notamment du journal "La Libre Belgique" à la cadence de plusieurs centaines d'exemplaires par mois..."

En date du 5 janvier 1950, notre basse chantante retraitée introduit une demande auprès du Ministère de la Famille et de la Santé publique afin d'être reconnu "Résistant par la presse clandestine". Dans un premier temps, ce titre lui est refusé quoique cette activité de résistance soit reconnue. Mais, la Commission a jugé que n'ayant pas été contraint à l'illégalité, Edgard Druine ne méritait pas de porter ce titre. 

Il est à noter que son épouse Blanche Balieu a introduit la même requête à la même date et que les éléments versés à son dossier confirment "...que l'activité du mari s'est exercée conjointement à celle de son épouse..."

Suite à une demande  de révision de la décision datée du 1955, Edgard Druine peut finalement s'enorgueillir d'être reconnu à part entière Résistant.

Edgard Druine a également composé quelques mélodies : T’oublier, Je t’aime, Les caresses de tes yeux, o Salutaris, Passis Angelicus, …. Il interpréta une de ses compositions intitulée "Nostalgie" sur Radio Belgique à Bruxelles.

Edgard Druine a également enregistré notamment chez Parlophone. Certains enregistrements l'ont été sur cylindres. En 1985, Edgard Druine eut l'honneur de figurer sur l'enregistrement "Les grandes voix du Hainaut".


Coll. Luc Heuchon
Outre la musique, Edgard Druine s’intéressait beaucoup à la science et suivait de près les travaux de savants tels que Nadoleczny, Schilling, Fouché, …

Notes :

(1) La "Fanfare Indépendante" : Cette société de musique vit le jour en 1883 et était composée de 24 musiciens dirigés par Pierre Cornille. Le 1er mai 1884, elle change d’appellation et devient "La Concorde" sous la direction de Désiré Cambier. Présidèrent successivement aux destinées de la fanfare jusqu'en 1924 :
MM. J. Ganty, Gustave Lefèvre, Jean-Baptiste Lepage, Jules et François Petit, Hector et Maurice Denegry . Quoique son
action se soit éteinte depuis 1924, elle fut pas dissoute tout de suite.
(2) Philippe-Joseph Meurée, né en 1829 - Premier professeur de musique à l'Ecole de Musique de Courcelles
(3) Henry, Pierre (1907-1970) - Baryton originaire de Lodelinsart, il remporta le 1er Prix de Chant dans le cours d'E. Druine sur un total d'une cinquantaine d'élèves. Il sera le 1er directeur artistique du Palais des Beaux Arts. Il occupera la place laissée vacante par E. Druine au Conservatoire de Charleroi.
(4) Marcel Claudel (Courcelles 1900-1981) - Ténor à La Monnaie, Opéra de Paris, ...
Terminera sa carrière comme directeur artistique du Palais de Beaux-Arts de Charleroi.
Pendant sa période parisienne, il était la coqueluche des jeunes filles et enregistrera énormément.

Références bio-bibliographiques

Arbre généalogique dressé par Monsieur Nico Druine
Archives du Musée du Cinquantenaire 
Correspondance avec Monsieur Nico Druine


Différents journaux : 
Comoedia, La Revue d'Art dramatique et Musical, Wallonia,..


Le concert de l’Académie,
In
"La Région de Charleroi"

2e année, n° 403, je 10/08/1916, p. [2]

Leclercq, Michèle et Fernand

Edgard Druine 
in
Les grandes voix du Hainaut à l’époque du 78 tours [enregistrement sonore]
. – [S.l.] : EMI Belgium, 1985
. – 2 disques 33 tours

Crépillon, Simon


La Cour d'Amour de Lobbes 
in
C.R.A.L. - Haut Pays de Sambre,
n°4, mai 1909, pp.13-14
 
Lemal, E.

Histoire de Courcelles / Elie Lemal
. – Marcinelle : Impr. La Concorde
. – pp. 91

Matinée artistique
in
« La Région de Charleroi »,
2e année, n° 275, mardi 04/04/1916, pp.1-2

Simon, Jean
. - Le théâtre musical carolorégien, 
    ou, Mémoire d'opérette à Charleroi
. - Montigny-le-Tilleul : Impr. Scaillet, 2004
.-  480 p. : ill.
. - p. 115, 147

Discographie

Ton doux regard se voile : stances de Nilakantha / orch. dirigé par A. Van Oost
. - Parlophone, 1928
. – 1 disque 78 t ( 2’34)
. – B 17127
. – Extr. de « Lakmé » / Delibes

Ton doux regard se voile : stances de Nilakantha / orch. dirigé par A. Van Oost
in
Les grandes voix du Hainaut à l’époque du 78 tours [enregistrement sonore]
. – [S.l.] : EMI Belgium, 1985
. – 2 disques 33 t. 

Alain Richir et Luc Heuchon
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Contact  : alain.luc.richir.heuchon@gamail.com