Jean Roland est aussi auteur et collabore à la création de chansons. A titre d'exemple, son nom apparaît sur les disques d'Ange-Line, une jeune chanteuse des années 60.
Au cours de la saison lyrique du Palais des Beaux-Arts de Charleroi
61-62, il chante dans les opérettes « Méditerranée » et « Les 3
valses ». C'est à l'occasion de sa participation à l'opérette
"Méditerranée" qu'il fait la rencontre de sa première épouse Micheline F. âgée de 18 ans.
Croisant la jeune danseuse des
Ballets de Wallonie dans les coulisses, il lui fit un compliment. Cela
suffit pour que la jeune femme tombe follement amoureuse de Jean et l'épouse quelques mois plus tard en 1962; Mais, cela ne dura pas. Nous verrons le pourquoi un peu plus tard.
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Collection Luc Heuchon
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Jean Roland anime de nombreuses festivités à Courcelles et dans la région carolo. Il organise des radios crochets et des concours sponsorisés par les timbres "Valois" et les "Chocolats Jacques".
Pour exemple, prenons les festivités communales de Courcelles organisées du samedi 26 juin au mercredi 30 juin 1965.
Outre la ducasse, eurent lieu : un tournoi de basket-ball, des luttes de balle-pelote, un défilé de mode, un bal animé par la formation courcelloise "Les Ondes", la première sortie des "Gilles courcellois"...
Deux festivals d'orchestres et de chanteurs furent également au programme. Plusieurs formations et chanteurs du cru s'y produisirent : "Les Ondes", "Grenzo", l'Hector belge alias Enzo Grazianno (3), "The Electronics"(4), Yvan Daubioul (4), "espoir de la chanson courcelloise".
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Enzo Grazianno - © Archives Famille Grazziano
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C’est ainsi que le mercredi 30 juin 1965, Jean Roland y présente dans le cadre des festivités un spectacle intitulé « Le triomphe du Musical ». Avec à l’affiche : « Mister Dracula », manipulateur du Cirque d’Hiver à Paris ; les « Killy-Watch », les clowns musicaux du Casino de Saint-Amand.
Après 4 ans de mariage, le temps n'est plus au beau fixe entre Jean et Micheline. En effet, Jean est souvent infidèle. Un jour, il fut même surpris par son épouse et ses parents dans le lit conjugal avec une conquête d'une heure, d'un jour. Sa mère ayant été informée du fait, notre artiste courcellois se mit à genoux devant elle et lui promis de ne plus recommencer car, il avait peur que sa maman ne le déshérite.
En 1967, Jean Roland défraie la chronique judiciaire. Son nom et sa photo sont à la Une des journaux. Il est accusé d'avoir voulu faire assassiner son épouse Micheline car, il est tombé raide dingue de Nadine Q., une jeune artiste âgée de 28 ans.
En effet, malgré tous ses efforts pour que son épouse Micheline quitte le domicile conjugal et ou divorce, cette dernière compte bien ne pas laisser sa place à sa rivale.
Afin d'arriver à ses fins, Jean Roland va , dans un premier temps, engager un homme contre rémunération pour apporter des fleurs à sa femme et essayer ainsi de la compromettre. Un coup pour rien... En désespoir de cause, Jean Roland fait alors appel à un tiers : le détective courcellois Félix S.
Lors d'un premier entretien (03/08/1967) entre Jean Roland et le détective Félix S., il s'agissait de filer la jeune femme pour savoir si, elle avait un amant. Manque de bol pour Jean Roland, Micheline est une épouse fidèle.
Lors d'un deuxième entretien (05/08/1967), Jean Roland pense purement et simplement à la traite des blanches. C'est à dire d'envoyer la jeune femme aux "barbaresques" (Libanais).
Félix S. fait remarquer à son commanditaire qu'elle était susceptible de réapparaître dans les 6 mois. Alors, notre sympathique courcellois suggéra de la dissoudre dans l'acide. S. rétorqua alors que l'acide ne détruirait pas les cheveux. Notre humoriste courcellois dit alors qu'il suffirait de brûler les cheveux pour que l'affaire soit dans le sac.
Vient ensuite l'idée de faire liquider la pauvre Micheline par des truands français. Pour ce faire, Jean Roland propose à Félix S. la somme de 450 000 francs belges de l'époque (11 155 € actuels) en pièces d'or et en francs belges.
Il est convenu alors que notre aimable Jean drogue son épouse et l'emmène avec lui à un gala auquel, il participe dans le Nord de la France et que Félix S. prenne le "colis" en charge passé la frontière. Manque de bol, Micheline, trouvant un mauvais goût à la boisson que son gentil mari lui a servi, ne la boit pas. Le plan à échoué.
Mais qu'à cela ne tienne, quelques temps plus tard (08/08/1967), Jean Roland a une autre idée. Compte tenu qu'il doit se produire ce soir-là à un gala à Thuin, il dit à son épouse que l'organisateur du gala viendra la prendre "at home" et la mènera au-dit gala.
Seulement voilà, le soi-disant organisateur n'est autre que notre détective courcellois qui, après quelques kilomètres, avoue à Micheline qu'il a été commandité par son mari pour la faire disparaître. Mais rapidement, il précisera qu'en réalité, il est là pour la sauver. Il l'emmène donc dans un premier temps à Laon. Mais, Micheline lui demande de la conduire à Reims où, elle séjourne quelques temps à l'hôtel. L'hôtel devant fermer pour l'Assomption, Félix S. ramène Micheline en Belgique et l'héberge chez sa mère à Wandre-lez-Liège.
Le 16/08/1967, Félix S. vient rendre compte de sa mission à son commanditaire. Par la suite, Félix S. fait écouter à Micheline l'entretien enregistré où, Jean Roland demande au détective si, la "marchandise" a bien été livrée. Le détective ayant répondu par l'affirmative, Jean Roland lui demande si, il s'est bien débarrassé du manteau et du sac à main rouges de son épouse. Oui, répond le détective.
Et , Jean Roland de pousser le cynisme à l'extrême en lui demandant s'il a récupéré l'argent que son épouse avait dans son sac. Non, répond le détective. L'autre de lui rétorquer qu'il y avait une somme importante.
Ironie du sort, Jean Roland avait écrit en son temps une chanson intitulée "Les devoirs conjugaux", chanson qui fera l'objet d'une réédition.
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Collection Luc Heuchon
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Après avoir entendu l'entretien et avoir mûrement réfléchi, Micheline f. donne son accord à Félix S. pour qu'il se rendre à la police judiciaire de Charleroi pour raconter toute l'affaire. Ce qu'il fait le 30/08/1967.
Dans un premier temps, Félix est pris pour un affabulateur. Cependant, Jean Roland est interpellé par la police pour interrogatoire. Il nie d'avoir eu l'intention d'assassiner sa femme.
Le mardi 05/09/1967, Jean Roland et Félix S. sont confrontés. Jean Roland continue à nier son intention de faire assassiner son épouse et est placé en garde à vue.
Le vendredi 08/09/1967, le juge d'instruction place Jean Roland sous mandat d'arrêt. Quant à Félix S., le juge l'inculpe pour provocation au crime mais, le laisse en liberté provisoire. Micheline F. dira à plusieurs reprises que Félix S. était son sauveur car, sans lui, elle serait morte.
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Le Journal de Charleroi - Indépendance 09-10/09/1967 - Collection Jean-Luc Goossens
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Ensuite, les choses s'enchaînent rapidement. Le procès en correctionnel de Jean Roland débute le jeudi 02/11/1967.
C'est devant une salle comble que se déroule l'interrogatoire du prévenu et l'audition des témoins. Et, Jean Roland continue à nier d'avoir voulu faire tuer son épouse par des malfrats français.
C'est à nouveau devant une salle comble qu'a lieu le lendemain la deuxième journée de procès. Après l'audition des deux derniers témoins, c'est au tour de la partie civile et à la défense de s'exprimer. L'ultime journée du procès a lieu le jeudi 16/11/1967.
Nous sommes le vendredi 24 novembre 1967; C'est le jour du verdict. Micheline F. n'est pas présente à l'audience. La sentence tombe : Jean Roland est condamné à 4 ans de prison, 4 000 francs d'amende et 15/20ème des frais et à la privation de ses droits civils et politiques de 5 ans en première instance. Il est également condamné à payer le franc symbolique à titre de dommage moral à son épouse.
Jean Roland se pourvoira en appel. Il comparaîtra à la Cour d'Appel de Bruxelles le 22 mars 1968.
Par la suite, Jean Berteau refait surface dans le monde artistique et continue à enregistrer.
Signalons car, c'est d'importance que Jean
Roland a été également producteur de disques. Sa maison de production
s’appelait "Disques Majestic" et éditera quelques uns de ses disques persos et bons nombres d'artistes locaux.
Il est à noté que c'est chez les "Disques Majestic" que fut enregistré " Resurrection of Vacation", album 33 tours du groupe de rock-blues du bassiste courcellois Sonny Bono Ignoti, "Vacation". Le line-up qui enregistrera le LP était composé du guitariste Luigi Colu, du batteur Alain Capite et de Sonny.
En 1973, Jean Roland tient le rôle d’un clochard dans un long métrage du metteur en scène vietnamien Pham-Laï. Certaines scènes seront tournées sur le marché de Courcelles. Nous ne savons pas si, le projet a abouti.
Et, Jean Roland de continuer son petit bonhomme de chemin. Ses derniers enregistrements connus datent de 1984. Il s'agit des 45 tours :
"A Courcelles", chanson faisant la promotion des "Pompes C.M. Evrard" chanté par Jean Roland et du titre "Popeye" chanté par la petite Jenny Muriel,
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Collection Luc heuchon
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"Le Hit-parade des enfants" et "Buffalo-Bill", chantés par Jean Roland accompagné par "La Chanterie Clair-Matin" de Loverval, "Popeye" et "Calimero", chantés par Jean Roland, accompagné par "La Chanterie Clair-Matin" de Loverval.
Ensuite, nous perdons sa trace.
Pour terminer, signalons que Jean Roland a participé dans son jeune temps à des tournées de Gilbert Bécaud, Armand Mestral et Lisette Jambel.
Notes
(1) Flore Meurée, pseudonyme Retty Murray (Courcelles, 1928 - Souvret, 2002) : voir : Ki, Kwa, Où",
(2) Any Godet (Londres, 1915 - Bruxelles, 1974) : De santé fragile, elle se lance dans la chanson en 1939 et fit une belle carrière. Elle a participé à la Finale belge du Grand-Prix Eurovision 1962 avec la chanson "Hambourg" mais, n'a pas été sélectionnée.
(3) Enzo Grazziano, pseudonyme "Grenzo" : fut le chanteur du groupe courcellois "I
Sorrentis" fondé par le guitariste solo Gérard Verdelli. Les autres musiciens étaient le batteur Xavier Di
Giacomendrea, le guitariste rythmique Ronco Romaro et le bassiste Luigi
Doltorio.
(4) The Electronics : Groupe de rock et de bal composé de musiciens courcellois et trazegniens. Le line-up original se composait du guitariste Christian Moriamé (Tz), du guitariste Alain Dezaire (Co), du bassiste Jacques Houze (Tz), du batteur Robert Camus et du chanteur Jack White (Jacques De Witte)(Tz). Jack White sera remplacé au chant par le courcellois Yvon Daubioul en 1964.
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J. White, R. Camus, A. Desaire, J. Houze, Chr. Moriamé - ©Collection Luc Heuchon
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Sources biographiques
Collot, Olivier
L'affaire Jean Roland en correctionnelle : La technique met en lumière le machiavélisme du chanteur et les " ficelles" de Félix S.
In "Le journal de Charleroi-Indépendance",
130e année, 04 et 05/11/1967, p. 1, p. 3 : photos
Foule en Correctionnelle à Charleroi : La première manche du "match" Jean Roland-S. a tourné au désavantage du détective : Le chanteur nie avoir voulu faire "SUPPRIMER SA FEMME",
In "Le journal de Charleroi-Indépendance",
130e année, 03/11/1967
Les juges de... : Jean Roland a fermé les yeux à l'énoncé du jugement : 4 ans de prison
In "Le journal de Charleroi-Indépendance",
130e année, N° 327-328, 25-26/11/1967, pp. 1-2 : photos
La diabolique machination à Courcelles près de Charleroi
In « Détective »,
N° 1107, 14/09/1967
M.
Quelques mots avec Jean Roland,
In « La Petite Lanterne »,
38e année, n° 619, 6 octobre 1961, p. [3].
Mercredi…
Mercredi 30 juin,
In « La Petite Lanterne »
42e année, n° 792, 25/06/1965, p. [1]
Simon, Jean
Le théâtre musical carolorégien, ou, …
p. 182, 183-184
Un…
Un courcellois à l’honneur : Jean Roland, vedette de cinéma !!!,
« La Petite Lanterne »,
50e année, n° 1134, 12 janvier 1973, p. [4].
Van Heck
Les confidences de Micheline F. épouse du chanteur Jean Roland
Discographie partielle
Au châlet d'Onoz [Enregistrement sonore] / Jeanrémi . Adios Espana mia [Enregistrement sonore] / J. Huygens et Jeanrémi
. - Courcelles : Majestic Records, 1984
. - 1 disque 45 t. ( 3', 2'46)
. - maj 1171
C’est l’amour [Enregistrement sonore] / A. Tiburce-F. ; Renard-G. André ; orch. Pol Préat. Avec… avec… [Enregistrement sonore] / A. Verschuren-D. ; Soleil-G. Favereau ; orch. Pol Préat
. – [S.l.] : Will, [s.d.]
. – 1 disque 45 t. ( 3’07, 2’15 )
Chez Auguste [ Enregistrement sonore ] / Jeanrémi ; orch. de Jacques Huygens.
Les devoirs conjugaux [ Enregistrement sonore ] / Hugi et J. Berteau
. - Courcelles : Disques Majestic, [s.d.]
. – 1 disque 45 t. ( 3’07, 3’45 )
Le tango du dragueur [Enregistrement sonore] / A. Flamme, J. Huygens, Adiani, Jean Roland ; orch. Jacques Huygens . La marche des croulants [Enregistrement sonore] / J. Huygens, Adiani, Jean Roland ; orch. Jacques Huygens
Les devoirs conjugaux [Enregistrement sonore] / J. Huygens, Jeanrémi . Chez Auguste [Enregistrement sonore] / J. Huygens, Jeanrémi
. - Courcelles : Disques Majestic, [s.d.]
. - 1 disque 45 t. (3'45 , 3'07 )
Mon p'tit chou [Enregistrement sonore] / J. Huygens, Adiani, Jean Roland ; orch. Jacques Huygens . Si tu as la cressonnette [Enregistrement sonore] / J. Huygens, Adiani, Jean Roland ; orch. Jacques Huygens
. - [S.l.] : Olympia, [s.d.]
. - 1 disque 45 tours ( 3'15 , 2'40)
Spirou [Enregistrement sonore] / Delfosse, Hernould, Roland et Sainte ; orch. Hector Delfosse . Zippy [Enregisrement sonore] / Delfosse, Runbel et Roland ; orch. Hector Delfosse
Auteurs : Luc Heuchon et Alain Richir avec la collaboration de Jean-Luc Goosens.
Contact : alain.luc.richir.heuchon2@gmail.com
Copie partielle autorisée à condition de citer la source sauf pour les articles de presse.